Musiwave, Août 2017

« Angel Fall s’avère être une superbe découverte d’un groupe français à l’écriture rock empreinte de poésie et de mélodies. »

Angel Fall est un groupe originaire des Yvelines en place depuis 2003 qui a sorti un premier album en 2005, « Mon Vampire », et un EP en 2007 intitulé « Le Roi de la Piste ». Le quatuor de musiciens formé autour du chanteur-guitariste Jules s’est forgé une identité à l’occasion de nombreuses prestations dans des festivals réputés mais aussi dans des salles plus modestes. Les musiciens ont ainsi acquis une maturité artistique qui trouve sa traduction dans ce deuxième album judicieusement nommé « L’empreinte ».

Le concept qui irrigue l’œuvre exprime l’empreinte du temps qui passe avec la symbolique très picturale des saisons (‘Spring’, ‘Un Jour D’été’, ‘Sous La Neige’) et sa déclinaison dans celle de l’immuable avec les références à la nature (la neige, les piaillements d’oiseaux de ‘Barques’, l’herbe, la mer) mais aussi les traces que laissent dans les chairs frissonnantes les treize chansons empreintes d’une douce mélancolie. Les paroles en français, sauf quatre compositions dans la langue de Shakespeare, abordent des thèmes forts comme la mort et participent à la dimension poétique de « L’Empreinte ». Son narrateur Jules, tour à tour torturé (‘Good Boy’, ‘Show’) et fragile (les murmures de ‘Spring’, les complaintes de ‘Accepte’), se révèle un interprète incarné dont la fêlure rappelle celle de Thom Yorke.

D’ailleurs, Angel Fall partage avec Radiohead cette même capacité à produire des émotions profondes à partir d’éléments harmoniques simples et à rendre sa musique à la fois sensuelle et onirique par l’enrichissement de ses fondations pop-rock. On retrouve aussi quelques parentés avec Pineapple Thief dans la rapide ‘L’Herbe Folle’, Coldplay dans le début sucré de ‘Sweet Summer Bird’ et même Muse dans certaines sonorités de ‘Un Jour d’Eté’. Angel Fall joue sur les latences aux cadences mesurées entre les moments de calme et de tempête (‘Sweet Summer Bird’, ‘Dsong’) ainsi que sur les arrangements (les cuivres de ‘Dors’, les cordes de ‘Sous La Neige’ et de ‘Un Jour d’Eté’) et les textures de claviers ou electros (‘L’Empreinte’, ‘Dors’, ‘Accepte’) qui dépeignent des ambiances parfois lourdes (les claviers intrigants de ‘L’Empreinte II’) et souvent tourmentées (‘L’Empreinte’, ‘Show’).

Tout au long de « L’Empreinte », les musiciens d’Angel Fall font preuve d’une grande maturité dans leur maîtrise de l’écriture classique de chanson en y apportant du relief par l’intermédiaire de nombreuses séquences instrumentales toujours dans la juste tonalité des morceaux (‘Dsong’, ‘L’Herbe Folle’, ‘Barques’, ‘Show’) et excellent de créativité dans l’art de poser des mélodies subtiles et entêtantes. Ce deuxième album des Franciliens est le fruit d’un travail de précision très abouti, tant dans son rendu sonore, avec une production claire et homogène de Julien Ravary, que dans la cohérence globale de l’œuvre. Dans le dépouillement d’un piano-voix (‘Spring’) ou dans la complexité harmonique d’agencements presque progressifs (‘Dsong’), les compositions du disque se combinent entre elles avec fluidité et contribuent à la logique d’ensemble.

Nous faisions remarquer il y a peu la grande fertilité de la musique hexagonale qui voit en Angel Fall une démonstration majuscule de la grande qualité des musiciens et des compositeurs français. « L’Empreinte » ne cache pas ses influences parmi certaines pointures du rock britannique mais il les sublime grâce au talent indéniable de ses géniteurs. Angel Fallvient de réaliser une œuvre sans faille traversée d’une poésie introspective, profonde dans ses intonations et généreuse dans les émotions qu’elle transmet.

Article à retrouver sur : http://www.musicwaves.fr/frmReview.aspx?ID=16147&REF=ANGEL-FALL_L-Empreinte

Merci Musiwave !